Pendant des années, Camille a tout fait pour plaire à Marc, mettant de côté ses propres rêves et ambitions. Jour après jour, elle supportait ses attentes déraisonnables, s’effaçant peu à peu dans l’ombre de son mari… jusqu’au jour où quelque chose a changé.
Camille était debout dans la cuisine, ses mains plongées dans un évier rempli de vaisselle sale. La radio diffusait doucement une chanson nostalgique des années 90, mais elle était perdue dans ses pensées, ressassant les mêmes inquiétudes. Marc, son mari, était encore au travail, ou alors en réunion avec ses collègues. Cela faisait désormais partie de leur quotidien : Camille s’occupait de la maison, des enfants, et Marc rentrait tard sans un mot de remerciement.
Chaque jour, elle se sentait un peu plus invisible. « Camille, tu n’as pas encore rangé la salle de séjour, c’est le bazar là-dedans ! », avait-il encore dit ce matin-là avant de partir. Elle avait acquiescé en silence, comme d’habitude, le cœur lourd d’une lassitude qu’elle ne savait plus comment exprimer.
Le tournant arriva un dimanche après-midi. Marc était rentré de son match de tennis, exaspéré parce que Camille avait oublié d’acheter son vin préféré pour le dîner. « Qu’est-ce que tu as fait de ta journée, à part ça ? », lâcha-t-il sèchement.
Quelque chose en elle s’est brisé. Camille, d’une voix tremblante mais déterminée, répondit : « Je m’occupe de tout ici, Marc. De tout. D’une maison impeccable à notre vie sociale, en passant par les enfants. Et toi, tu ne vois rien de tout cela. »
Marc, surpris par cette révolte inhabituelle, fronça les sourcils. « Tu exagères, Camille. Je fais aussi ma part. »
Elle secoua la tête, les larmes perlant à ses yeux. « Non, tu ne la fais pas. Et tes attentes sont devenues une chaîne autour de mon cou. »
Marc eut un moment de silence, pris de court par la vérité crue de ses paroles.
Dans le mois qui suivit, beaucoup de choses changèrent. Marc commença à s’investir davantage dans leur quotidien. Il n’était pas facile d’abandonner des habitudes ancrées, mais il comprit enfin la détresse de Camille. Ils commencèrent à se parler plus régulièrement, à établir de nouvelles bases pour leur relation, fondées sur le respect et la compréhension mutuelle.
Bien que le chemin fût encore long, Camille se sentit enfin libérée d’un poids immense. Elle avait osé se lever, dire « assez », et cela avait bouleversé leur vie. Elle savait désormais que la lutte pour un mariage équitable valait tous les défis.