Échec après échec, Marie se sentait perdue. Son monde s’effondrait autour d’elle. Comment aurait-elle pu prévoir qu’un étranger mystérieux ait la clé de son passé? Marie pressa le pas sur le trottoir glacé de décembre. L’air était mordant, mais elle ne ressentait que la morsure de l’angoisse. Elle avait perdu son emploi, et sa mère, sa seule famille, était à l’hôpital, gravement malade. Sans argent et sans espoir, elle se sentait plus vulnérable que jamais.
— Pardon, mademoiselle, est-ce que tout va bien? demanda une voix douce. Marie leva les yeux pour rencontrer le regard bienveillant d’un homme d’un certain âge. Il portait un vieux manteau usé qui semblait abriter une chaleur inattendue. Ses yeux brillaient d’une lueur de compréhension qui perça les défenses de Marie.
— Non, je… je ne suis pas bien, avoua-t-elle, se surprenant elle-même par sa franchise. Les mots ont jailli d’elle comme un barrage brisé, racontant la maladie de sa mère, ses difficultés financières et son sentiment d’impuissance.
L’homme l’écouta patiemment, hochant la tête de temps en temps, son regard qui semblait dire «Je comprends».
— Je m’appelle Henri, dit-il enfin. Laissez-moi vous aider. Vous pouvez rester dans l’appartement au-dessus de mon café. Ce n’est pas grand-chose, mais vous aurez un toit sur la tête.
Marie hésita, mais le regard sérieux et compatissant d’Henri lui donna confiance. Elle n’avait rien à perdre.
Les jours suivants, elle en apprit plus sur son bienfaiteur. Henri était un homme simple, propriétaire d’un petit café qui respirait la chaleur humaine. Les habitués le saluaient avec respect et affection, comme s’il était l’âme du quartier. Sa générosité envers Marie était accueillie avec bienveillance par tous.
Une semaine plus tard, alors qu’elle l’aidait à ranger des boîtes dans l’arrière-boutique, Marie aperçut un album photo usé glissé derrière une pile de livres. Henri sembla hésiter un moment, puis hocha la tête comme pour lui donner l’autorisation tacite de l’ouvrir.
Elle feuilleta les pages, découvrant des visages souriants d’une époque révolue. Puis, elle s’arrêta net. Un des clichés montrait une femme qui ressemblait étrangement à sa mère.
— C’est ma mère, murmura-t-elle, la voix tremblante.
Henri fixa la photo, son visage se figeant dans un mélange de surprise et d’émotion.
— Comment s’appelle-t-elle, ta mère? demanda-t-il, sa voix légèrement brisée.
— Jeanne Dupont, répondit Marie, le cœur battant à tout rompre.
Henri posa sa main sur son front, se remémorant probablement des souvenirs enfouis.
— Jeanne était ma belle-sœur, dit-il enfin, la voix chargée d’une émotion intense. L’homme que ta mère a épousé était mon frère.
Un silence lourd envahit la petite pièce. Le destin avait réuni des membres d’une famille séparée par les méandres de la vie. Les larmes roulèrent sur les joues de Marie, mais cette fois, c’étaient des larmes de soulagement et de réconfort.
— Je suis heureux de t’avoir retrouvée, lui dit Henri doucement. Nous sommes une famille, après tout.
D’un geste plein de tendresse, il serra les épaules de Marie. Ensemble, ils avaient retrouvé une part d’histoire et d’amour qu’ils ne soupçonnaient plus. Marie, malgré ses pertes, avait gagné une famille et une nouvelle chance de rédemption.