Les Instants Partagés

Je ne sais pas pourquoi je fais ça ici. Peut-être parce que c’est trop difficile de le dire à haute voix. Peut-être parce que si je l’écris, alors c’est réel, et jusqu’à présent, je n’ai pas voulu que ça le soit. Tout a commencé il y a quelques semaines, alors que je faisais du ménage chez moi. C’était un samedi après-midi ordinaire, le genre de jours où l’on se sent en paix avec le monde, où le soleil entre doucement par les fenêtres et dessine des ombres dansantes sur le sol.

Je fouillais dans de vieilles boîtes au grenier, lorsque je suis tombé sur un objet que je n’avais pas vu depuis des années : un petit carnet en cuir, usé par le temps. Je ne me souvenais même plus de son existence. Curieux, je l’ai ouvert et c’était comme si le temps s’était replié sur lui-même. Les pages étaient remplies de petites notes, de dessins griffonnés à la hâte, de pensées éparses. Tout ça était de moi. Un moi d’il y a longtemps, un moi qui semblait si éloigné.

Il y avait une note en particulier qui a attiré mon attention. Elle parlait d’une journée d’été où j’avais passé l’après-midi au parc avec ma mère. J’avais écrit à quel point j’aimais ces moments avec elle, ces instants où le monde semblait s’arrêter, où tout ce qui comptait c’était sa voix douce et son rire contagieux.

Et puis, le choc : une ligne au bas de la page que j’avais sans doute écrite sans trop y réfléchir, et que j’avais oubliée depuis. « Maman m’a dit qu’elle avait un secret aujourd’hui. Elle ne veut pas que je le sache encore. Mais elle a promis qu’un jour, elle me dira tout. »

Cette petite phrase, enterrée dans les souvenirs de mon enfance, m’a hanté depuis. J’ai commencé à revisiter chaque souvenir, chaque moment partagé. Ce qui était un simple après-midi s’est transformé en une quête de vérité. Qu’avait-elle voulu dire ? Quel était ce secret ?

Je n’ai cessé de penser à elle, à toutes les fois où elle m’a tenu la main, où elle a séché mes larmes. Cette femme forte et douce avait quelque chose qu’elle n’avait jamais partagé.

J’ai appelé ma sœur hier. C’était la première fois que je lui parlais de ça. Elle était tout aussi intriguée, mais elle m’a dit quelque chose qui m’a frappé. « Tu sais, maman avait cette façon de garder les choses pour elle, non pas par manque de confiance, mais pour nous protéger. »

Protégée de quoi ? Je me le suis demandé toute la nuit. Et puis, comme une évidence, c’est venu. Ce n’était pas un secret lourd de conséquences. C’était simplement une part d’elle qu’elle voulait garder, une part qu’elle espérait peut-être partager un jour, dans un moment de tendresse, où nous serions prêts à entendre.

En revisitant ces souvenirs, j’ai compris que sa vie était pleine de petits mystères, de petites parcelles de magie qu’elle nous léguait sans que nous le sachions. Et étrangement, cette pensée m’a apaisé. Ce qui importait, ce n’était pas le secret en soi, mais l’amour derrière. L’amour qui pousse une mère à protéger ses enfants, même des vérités.

Aujourd’hui, je me sens plus proche d’elle, même si elle n’est plus là. Je sens son amour dans chaque mot que j’ai écrit enfant, dans chaque souvenir que je revisite. Je pense que c’est ça, sa vérité. Pas un secret à découvrir, mais un amour à revivre chaque jour.

Alors, voilà. Je ne sais pas exactement ce que je voulais partager ici, peut-être juste un moment de paix trouvé dans une vérité simple et belle, celle de l’amour d’une mère qui transcende le temps et les secrets.

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