Salutations à tous ceux qui liront ceci. Je n’ai jamais été douée pour exprimer mes émotions, mais aujourd’hui, je sens que je dois le faire. J’ai besoin de partager une vérité que j’ai découverte récemment et qui a bouleversé toute ma perception de moi-même. C’est une confession à la fois douce et douloureuse, née d’une simple boîte de crayons de couleur.
Il y a un mois, en fouillant dans les affaires de mon enfance enfermées dans une ancienne malle, je suis tombée sur une boîte de crayons de couleur, recouverte de poussière et marquée par le temps. Je les ai immédiatement reconnus : c’étaient mes précieux crayons, ceux avec lesquels je passais des heures à dessiner sur le sol du salon. Leur odeur distincte de bois et de cire m’a frappée avec une telle force qu’elle a commencé à déverrouiller des portes longtemps fermées dans mon esprit.
En voyant ces crayons, j’ai ressenti un mélange de nostalgie et de tristesse. Mais ce qui a vraiment ouvert les vannes de mes souvenirs, c’est un dessin froissé resté au fond de la boîte. C’était un paysage simple, avec de grands arbres et un ciel rempli de nuages colorés. Mon nom était inscrit en bas, en lettres maladroites, et la date : 15 avril 2002.
Ce dessin, à première vue banal, m’a ramenée à cette journée précise. Je me souvenais être une petite fille assise à la table de la cuisine, concentrée sur mon œuvre, tandis que mes parents se disputaient dans la pièce voisine. Ce jour-là, j’avais créé un monde qui capturait la paix dont je rêvais, un endroit où le silence n’était pas synonyme de tension.
En tenant ce dessin, j’ai réalisé quelque chose d’important. Toute ma vie, j’avais fui le conflit, cherchant constamment à créer l’harmonie autour de moi. Mais pourquoi ? Ce souvenir m’a forcée à regarder de plus près les raisons derrière ma peur du désaccord. J’ai compris que je n’avais jamais reconnu l’impact de cette atmosphère chaotique sur mon développement. J’avais toujours ignoré ce que cela signifiait vraiment de grandir dans un foyer où le silence n’était que l’intervalle entre les tempêtes.
J’ai enfin compris que le vrai problème n’était pas tant les disputes de mes parents, mais plutôt le silence qui les suivait, lourd et oppressant. Ce silence m’a appris à cacher mes émotions pour éviter les conflits, à sourire alors que je voulais pleurer, à dire “ça va” même quand tout allait mal. Je suis devenue un expert pour lire les émotions des autres sans jamais montrer les miennes.
Cette révélation a été à la fois libératrice et terrifiante. Libératrice, car elle m’a permis de comprendre pourquoi j’avais toujours évité les confrontations, et terrifiante, car elle m’a montré à quel point j’avais perdu de moi-même dans le processus.
Depuis cette découverte, j’ai lentement commencé à embrasser mes émotions, à vivre authentiquement, même si cela implique de montrer mes faiblesses. J’apprends à exprimer mes désaccords avec compassion sans craindre le jugement. J’ai compris que ma valeur ne dépend pas de mon aptitude à maintenir la paix autour de moi, mais de ma capacité à être vraie avec moi-même et avec les autres.
Aujourd’hui, je partage cette histoire avec vous, espérant inspirer ceux qui vivent dans le silence, que ce soit par peur ou habitude, à chercher leur propre vérité, aussi douloureuse soit-elle. Sachez que notre histoire importe, peu importe comment elle a commencé. Et peu importe à quel point nous avons appris à nous taire, il n’est jamais trop tard pour redécouvrir la couleur dans notre vie.
Merci d’avoir pris le temps de lire jusqu’au bout. Cela signifie beaucoup pour moi.
Amicalement, Camille.