Aujourd’hui, je partage quelque chose que j’ai gardé enfoui pendant trop longtemps. C’est difficile d’écrire ces mots, mais parfois il faut parler pour guérir. Cela commence par un objet que j’avais presque oublié: une petite boîte à musique que j’ai trouvée dans le grenier de nos vieilles affaires familiales la semaine dernière.
Je l’ai découverte en rangeant, poussiéreuse et discrète, parmi des souvenirs éparpillés de mon enfance. La boîte était délicatement sculptée, ornée de motifs floraux et d’un petit miroir à l’intérieur. En l’ouvrant, une douce mélodie a commencé à jouer, quelque chose de lointain et familier. C’était une chanson que ma mère fredonnait souvent, mais que je ne parvenais pas à identifier précisément.
Cette mélodie a fait remonter un flot de souvenirs, des images floues que je n’avais pas osé revisiter depuis des années. Des flashs de mon enfance, des soirées où ma mère me bordait avec cette chanson douce pour m’endormir. Pourtant, avec ces souvenirs, une ombre est apparue, une sensation de perte que je ne pouvais pas ignorer.
Ma mère est partie quand j’avais dix ans, disparition soudaine et inexpliquée. La seule explication que mon père m’avait donnée était qu’elle nous avait quittés pour une “nouvelle vie”. J’avais enterré cette douleur, construisant autour de moi un mur d’indifférence pour ne pas souffrir. Mais cette boîte à musique a fissuré ces murs.
En cherchant à comprendre la chanson, j’ai appelé ma tante, la sœur de ma mère, pour lui demander si elle se souvenait de quelque chose. Notre conversation a été longue et pleine de silences hésitants. Finalement, elle a murmuré : “Il y a des choses que tu mérites de savoir.” Elle m’a invité à venir chez elle pour en discuter en face-à-face.
Chez ma tante, elle m’a montré des lettres cachées, des lettres que ma mère avait écrites mais qu’elle n’avait jamais envoyées. Chacune décrivait son amour pour moi, sa lutte contre ses propres démons, et les raisons de son départ. Elle se battait contre une dépression profonde que personne autour d’elle ne comprenait à l’époque. Partir était son ultime tentative de trouver la paix et d’éviter de nous blesser davantage.
En lisant ces lettres, j’ai ressenti un mélange de tristesse, de soulagement, et de compréhension. J’ai pleuré pour l’enfant que j’étais, pour ma mère qui avait souffert en silence, et pour les années perdues. Mais j’ai aussi ressenti une immense gratitude pour cette vérité, aussi douloureuse soit-elle, qui m’a finalement été révélée.
Dans les semaines qui ont suivi, j’ai commencé à réécouter cette boîte à musique chaque soir. La mélodie, au lieu de faire mal, est devenue une berceuse d’adieu et de réconciliation. Je me suis autorisé à ressentir cette douleur, à pardonner à ma mère et à moi-même. Cela m’a donné la force d’écrire à mon tour, de lui répondre à travers des lettres que j’espère qu’elle pourra entendre quelque part.
Partager cette histoire ici, c’est une autre étape de guérison pour moi. C’est accepter que parfois, ce qui est caché peut nous libérer quand il est enfin révélé. À tous ceux qui luttent avec des vérités enfouies, sachez que parfois, il faut simplement laisser la musique jouer.