Le Visage de l’Inconnu

Un matin gris de novembre, Élodie se tenait sur le seuil de sa maison décrépite, ses yeux embués de larmes d’une fatigue accumulée. Comment allait-elle s’en sortir cette fois? Sa santé fragile ne lui permettait plus de travailler, et ses économies fondaient comme neige au soleil.

Alors que ses pensées s’égaraient dans l’inquiétude, une vieille berline s’arrêta devant chez elle. Un homme d’une cinquantaine d’années en descendit. Il était vêtu d’un manteau sombre, et ses yeux brillaient d’une douceur inattendue.

“Bonjour, madame,” dit-il avec un léger sourire. “Je m’appelle Thomas. J’ai entendu dire que vous pourriez avoir besoin d’un coup de main.”

Élodie hésita. Elle ne connaissait pas cet homme, et pourtant une partie d’elle-même voulait croire en sa sincérité.

“Je ne sais pas comment vous pourriez m’aider,” répondit-elle, sa voix tremblante de doute.

Thomas semblait avoir deviné ses pensées. “Je me promène souvent dans le quartier, et j’ai remarqué que votre jardin aurait besoin d’un peu d’attention. Puis-je vous aider à le nettoyer?”

Élodie contempla son jardin abandonné. Bien sûr, cela faisait des mois qu’elle ne pouvait plus s’en occuper seule. Un élan de gratitude la submergea malgré ses réticences initiales.

“D’accord,” dit-elle, un peu émue. “Je vous remercie.”

Ainsi commença une étrange collaboration. Thomas venait chaque jour. Il nettoyait, réparait, plantait de nouvelles fleurs. Élodie trouvait en lui un soutien inattendu, et peu à peu, ils s’ouvraient l’un à l’autre.

Un après-midi, alors qu’ils prenaient une pause, Élodie aperçut un vieux pendentif autour du cou de Thomas. Sa respiration se fit plus courte.

“Ce pendentif… où l’avez-vous eu?” demanda-t-elle, son cœur battant la chamade.

Thomas passa une main sur le bijou, un air mélancolique sur le visage. “C’était un cadeau de ma mère. Je l’ai toujours eu, je crois.”

Élodie laissa échapper un souffle tremblant. “Je… je l’ai déjà vu. Mon père avait exactement le même.”

Thomas fronça les sourcils, son esprit travaillant à toute allure. “Votre père, dites-vous? Il s’appelait comment?”

“Antoine Morel,” répondit-elle, le nom goûtant légèrement amer.

Le visage de Thomas changea. “C’était aussi le nom de mon père,” dit-il d’une voix brisée. “Ma mère m’a toujours dit qu’il avait eu une autre famille.”

Les larmes jaillirent dans les yeux d’Élodie. “Nous sommes… frères et sœurs?” murmura-t-elle, à peine audible.

Ils se regardèrent, le choc se mêlant à une tendresse douce-amère. Dans un élan, ils s’étreignirent, la douleur des années passées se fondant en un lien retrouvé.

Ce mystérieux étranger, en plus de lui rendre son jardin, lui avait aussi rendu une partie de sa famille perdue.

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