Je m’étais glissée sous le lit en bois massif, le voile de ma robe emmêlé dans le sommier. Si Marcus m’avait vue ainsi, il aurait sans doute fait une syncope. Je repensai à ses yeux pétillants, à nos escapades nocturnes, bien loin de ce mariage que tout le monde croyait idyllique.
Mais ce ne fut pas lui qui entra dans la chambre. C’est Veronica, ma belle-mère, qui fit son apparition. Sa voix glaciale se mêlait à un rire cruel :
« Le plan est simple… le condo sera à nous. »
Un frisson me parcourut. Pour elle, mon père n’était qu’un ingénieur insignifiant, et moi une proie docile.
Je demeurai tapie sous le lit, tremblante, jusqu’à ce qu’une résolution froide remplace la panique. J’avais enregistré chaque mot de leur conversation. Aussitôt, j’appelai mon père et Celia, mon amie avocate. Ensemble, nous sécurisâmes mes biens et préparâmes une riposte implacable.
Le lendemain, lorsque Marcus rentra, j’endossai le rôle de l’épouse soumise. Mais chacun de mes gestes, chacune de mes paroles était soigneusement calculé. Les enregistrements dévoilèrent leurs manigances, et mes démarches légales prouvèrent que l’argent comme le condo m’appartenaient pleinement.

Le dîner final scella notre victoire. Veronica, blême devant les preuves accablantes et mes « talents culinaires » soigneusement préparés pour l’occasion, quitta la maison sans un mot. Marcus, lui, resta pétrifié. Je lui tendis les documents :
« Une dernière chance. Sinon, la justice prendra le relais. »
Le divorce fut prononcé en un éclair. Veronica disparut du paysage. Marcus ne réclama rien.
Quant à moi, j’appris à reconnaître la force qui sommeillait en moi. Dans mon condo, redevenu mon refuge, je trouvai un nouveau départ. La naïveté avait cédé la place à la prudence… et à la puissance.