Elle ne pensait jamais revoir sa mère, jusqu’à cet après-midi ordinaire où une lettre arriva, marquée d’une écriture familière. Élise tenait l’enveloppe, les mains tremblantes, chaque fibre de son être tiraillée entre la curiosité douloureuse et une résistance tenace. Une décennie s’était écoulée depuis que sa mère était partie, laissant un vide que ni le temps ni les justifications ne pouvaient combler.
Le lendemain, Élise se tenait dans le petit café où sa mère avait proposé de se retrouver. Il était 15 heures précises, et la cloche de la porte tinta doucement, laissant passer une silhouette hésitante. Sa mère avait vieilli, des rides nouvelles trahissaient les années perdues. Élise ressentit une montée de colère et de peine, des émotions confuses déferlant en elle.
«Bonjour, Élise», dit sa mère d’une voix incertaine.
Élise inspira profondément, essayant de contrôler sa voix. «Pourquoi maintenant ?» demanda-t-elle, les mots lourds de reproches.
«Je ne pouvais pas continuer sans au moins essayer de réparer ce que j’ai brisé», répondit sa mère, les yeux brillant de larmes contenues.
Les souvenirs affluèrent : les matins silencieux après le départ soudain, les anniversaires passés seuls, chaque absence devenant un fardeau. Élise se souvenait des pleurs silencieux la nuit, enfermée dans sa chambre.
«Tu as choisi de partir», dit Élise plus fort qu’elle ne l’avait prévu.
Sa mère baissa la tête, jouant nerveusement avec sa tasse. «Je sais. Et je suis venue pour te dire que je suis désolée. Je ne m’attends pas à ce que tu me pardonnes, pas tout de suite, peut-être jamais. Mais j’aimerais avoir une chance de te montrer que je peux être meilleure.»
Élise sentit la sincérité dans ses paroles, une partie d’elle désirant croire que les gens peuvent changer. Mais la douleur ne se dissipait pas facilement.
Leurs regards se croisèrent, et dans ce regard, Élise vit l’espoir, la peur et un amour profondément enfoui mais toujours vivant.
«Je… je ne sais pas si je peux oublier», murmura Élise, adoucissant son ton.
«Je ne te demande pas d’oublier. Juste de me laisser essayer», implora sa mère.
Après un moment qui sembla éternel, Élise hocha lentement la tête. «Je ne promets rien, mais peut-être pouvons-nous commencer par des cafés de temps en temps.»
Sa mère sourit faiblement, l’ombre d’une réconciliation dans ses yeux. «Cela me ferait plaisir.»
Elles passèrent l’après-midi à parler, choquant les souvenirs douloureux de douceur et de rire timide. C’était un début fragile mais un début tout de même.
En quittant le café, Élise se sentit plus légère. Elle ne savait pas où ce chemin la mènerait, mais elle était prête à faire un pas, même prudent, vers un nouvel avenir.