Elle ne pensait jamais revoir son oncle, jusqu’à cet après-midi ordinaire où une silhouette familière se dessina à sa porte. Marianne vivait avec ce creux dans le cœur, une douleur irrésolue qui avait commencé il y a vingt ans quand son oncle, qu’elle adorait comme un père, était soudainement parti sans un mot. Depuis des années, elle avait comblé le vide avec des questions sans réponses, et des souvenirs douloureux qui revenaient la hanter.
La veille, Marianne était assise dans son salon en bordel, le regard perdu dans les photos d’antan, lorsqu’un coup sec résonna sur la vieille porte en bois. Elle ouvrit et son cœur s’arrêta. Il se tenait là, les cheveux grisonnants, les yeux emplis d’un mélange d’anxiété et d’espoir. “Marianne,” dit-il doucement, sa voix tremblante, “je ne pouvais plus attendre, il fallait que je te voie.”
La tension était palpable tandis qu’ils s’asseyaient autour de la table de cuisine, une gêne inhabituelle entre eux. Les souvenirs de leur complicité passée flottaient entre eux comme un spectre. “Pourquoi?” fut tout ce qu’elle parvint à dire.
Son oncle, Jacques, baissa les yeux, cherchait ses mots. “Je suis parti… parce que je pensais que c’était la meilleure chose à faire à l’époque. J’ai eu tort, très tort. J’espérais que le temps répare les choses, mais je vois à quel point je me suis trompé.”
Le silence pesant s’installa de nouveau, brisé seulement par le bruit de la pluie contre la fenêtre. “Je t’ai attendue,” avoua Marianne, la voix cassée par l’émotion. “Tu étais mon héros, et tu m’as laissée sans un mot.” Chaque syllabe portait une colère longtemps refoulée.
Jacques leva lentement la main, comme pour effleurer un souvenir. “Je ne chercherai pas à justifier ce que j’ai fait, Marianne. Je veux seulement te demander pardon. Si tu le peux.”
La question plana entre eux, une invitation à une nouvelle ère ou une fermeture définitive. Marianne sentit une chaleur douce mais timide la traverser. Elle était partagée entre la colère d’autrefois et une compassion nouvelle qu’elle n’avait pas soupçonnée. “Je ne peux pas te pardonner du jour au lendemain, Jacques. Mais je suis prête à essayer de comprendre. Peut-être qu’avec le temps…”
Ils restèrent assis longtemps après cela, parlant de tout et de rien, comblant le silence avec des mots hésitants qui leur rappelaient que l’affection pouvait renaître des cendres.
En quittant la maison, Jacques lui prit doucement la main. “Merci, Marianne. Pour cette chance.”
Elle le regarda partir, la pluie cessant doucement alors qu’un rayon de soleil filtrait à travers les nuages, comme un symbole de leurs espoirs naissants.
Le retour inattendu de Jacques ne guérit pas tous les maux du passé, mais il lança une étincelle d’espoir qu’un jour, ils pourraient peut-être retrouver cette complicité perdue.