Elle n’avait jamais cru revoir son oncle François, jusqu’à ce qu’un après-midi ordinaire se transforme en un moment extraordinaire. Camille, assise à son bureau, travaillait sur un projet, lorsqu’un appel interrompit le bourdonnement habituel de son appartement. En décrochant, elle entendit une voix hésitante et familière.
— Camille ? C’est François.
Son cœur manqua un battement. L’homme qu’elle n’avait pas vu depuis vingt ans, celui qui était autrefois une figure centrale de son enfance, l’appelait. Elle se souvenait de lui comme d’un ange bienveillant, jusqu’à ce qu’un matin, il disparaisse sans explication. La douleur de son absence avait laissé une cicatrice profonde.
Le lendemain, François était là, à sa porte. Camille ouvrit avec hésitation, l’observant, le reconnaissant à peine. Les rides du temps avaient creusé son visage, mais ses yeux conservaient cette tendresse qui l’avait marquée enfant.
— Bonjour Camille, dit-il doucement, brisant le silence lourd.
Elle hocha simplement la tête, invitant son oncle à entrer. L’émotion était palpable. Ils s’assirent dans le salon, entourés d’un silence pesant.
— Pourquoi es-tu parti ? demanda-t-elle finalement, sa voix teintée de reproche et de curiosité.
François soupira profondément.
— J’avais besoin de partir… pour moi, commença-t-il. À l’époque, je ne savais pas comment gérer mes propres démons. Je pensais que m’éloigner était la meilleure solution.
Camille se souvenait de ces journées passées à attendre un signe, une lettre, quelque chose qui n’arrive jamais. Entendre ses explications lui causait un mélange de colère et de soulagement.
— Savais-tu à quel point ton absence m’a blessée ?
François lui lança un regard où se lisait la contrition.
— Je m’en doute et je suis vraiment désolé. J’ai passé des années à penser à toi, espérant un jour pouvoir te retrouver.
Leurs regards se croisèrent, chacun cherchant des réponses dans les yeux de l’autre. Camille réalisa à cet instant que la douleur n’était pas uniquement son fardeau. François était confronté à ses propres regrets.
— Je veux essayer de réparer, proposa-t-il enfin. Si tu le permets.
Camille hésita. Elle ressentait le poids des années de non-dits, mais aussi une ouverture inattendue vers la paix intérieure.
— Peut-être, murmura-t-elle. Peut-être que nous pourrions essayer.
Un mince sourire se dessina sur les lèvres de François. Il savait que cela signifierait beaucoup de travail et de compréhension, mais cette ouverture était plus qu’il n’avait osé espérer.
Ils se levèrent ensemble, un geste simple mais lourd de sens, et se dirigèrent vers la porte, prêts à s’engager sur un chemin incertain, mais partagé.