Elle n’aurait jamais pensé revoir son père, jusqu’à cet après-midi ordinaire où le son de la sonnette résonna doucement dans la maison silencieuse. Sophie était plongée dans la lecture d’un vieux journal, cherchant des réponses à des questions laissées en suspens depuis vingt ans. Debout sur le seuil, les traits de son visage marqués par les années, se tenait l’homme qu’elle avait appris à vivre sans.
Le silence s’installa, tendu de tout ce qui n’avait jamais été dit. “Salut, ma grande,” dit-il, d’une voix qui se voulait douce mais qui tremblait légèrement. “Je peux entrer?”
L’envie de claquer la porte était forte, mais quelque chose dans son regard, une note de vulnérabilité, la retint. Elle fit un léger mouvement de côté, lui permettant d’entrer. Alors que la porte se refermait derrière lui, les souvenirs affluèrent : les disputes violentes, la nuit où il était parti sans un regard en arrière.
“Pourquoi maintenant ?” demanda-t-elle, croisant les bras, chaque muscle de son corps tendu de méfiance.
Il hocha la tête, comme s’il s’était attendu à cette question. “J’ai fait des erreurs, Sophie. Je le sais. Des erreurs qui m’ont coûté cher. Mais je veux essayer de réparer ce qui peut encore l’être.”
Ils s’installèrent dans le salon, la tension palpable. Le café trônait sur la table basse, oublié dans l’agitation. Sophie lutta contre l’envie de pleurer. Elle se souvint des années d’absence, de l’anniversaire où elle avait attendu en vain un coup de fil. “Tu nous as laissées, maman et moi, sans explication,” lâcha-t-elle enfin, la voix cassée par l’émotion.
“Je sais,” murmura-t-il, la tête baissée. “Il n’y a pas d’excuses pour ça. J’étais jeune et stupide, et je pensais que m’éloigner était la meilleure chose à faire.”
L’amertume mordit son cœur. Elle voulait lui crier toute la douleur accumulée, mais les mots restaient coincés. “Tu m’as manqué,” dit-elle simplement, à moitié surprise par sa propre confession.
Son père leva les yeux, une lueur de regret brillant dans ses yeux. “Tu m’as manqué aussi, plus que je ne pourrais jamais te le dire.”
Le silence qui suivit fut lourd mais pas insurmontable. “Je sais que je ne peux pas effacer le passé,” poursuivit-il, “mais j’espère que nous pourrons essayer de construire quelque chose de nouveau.”
Sophie se leva, incertaine. Les mots flottaient entre eux, porteurs de promesses de guérison. “Je ne sais pas si je peux te pardonner complètement,” avoua-t-elle. “Mais je suis prête à essayer.”
Il hocha la tête, soulagé. “C’est tout ce que je demande.”
Ils se dirigèrent ensemble vers la terrasse, observant le soleil se coucher lentement derrière l’horizon. Un nouveau départ, bien que fragile, semblait naître dans la douce lumière du crépuscule.
image_prompt: Two figures standing in a doorway, one with a hesitant posture and the other with hopeful eyes, under a sky painted with the colors of a fading sunset.