Elle n’aurait jamais cru revoir sa mère, jusqu’à ce qu’un après-midi ordinaire, son téléphone sonne et que la voix qu’elle avait presque oubliée résonne à nouveau. Camille vivait avec un sentiment perpétuel de blessure non cicatrisée, une douleur sourde causée par le départ soudain de sa mère vingt ans plus tôt.
Leur séparation était un gouffre qu’elle n’avait jamais réussi à combler, même avec le temps. Alors cette voix, hésitante mais familière, l’a plongée dans un tourbillon d’émotions contradictoires. “Camille, c’est moi… C’est maman. Est-ce que je peux te voir ?”
La main tremblante, elle avait fermé les yeux un instant, submergée par des souvenirs qu’elle avait enterrés depuis longtemps : les promenades dans le parc, les histoires racontées au coucher, et puis le silence cruel de l’absence. Avec une phrase aussi simple qu’inattendue, tout était remonté à la surface.
Rassemblant son courage, Camille répondit d’une voix presque étranglée par l’émotion. “On peut se voir demain, au café près du vieux pont ?”
Le lendemain, elle se tenait devant le café, le cœur battant la chamade. Elle l’aperçut au loin, sa mère, toujours aussi belle malgré les années passées. Elle sentait la colère et l’amour se battre en elle, ne sachant laquelle l’emporterait.
“Camille”, murmura sa mère, les larmes aux yeux, dès qu’elle fut assez proche pour l’étreindre. Mais Camille recula légèrement, submergée par une colère qu’elle ne savait plus contenir.
“Pourquoi maintenant ? Pourquoi après tout ce temps ?” demanda Camille, la voix tremblante, cherchant dans les yeux de sa mère une explication qui pourrait apaiser son cœur.
Sa mère soupira, le regard triste et résigné. “Je suis désolée, Camille. J’ai fait des erreurs. J’étais jeune, effrayée et, à l’époque, je pensais que partir était la meilleure chose que je pouvais faire. Mais je n’ai jamais cessé de penser à toi.”
“Tu m’as laissée !” s’exclama Camille, les larmes coulant sur ses joues. “Tu ne sais pas ce que c’était de grandir en me demandant pourquoi je n’étais pas assez bien pour que tu restes.”
Sa mère tendit la main, espérant un contact, un signe de réconciliation. “Je veux une seconde chance. Je sais que je dois la mériter, mais je t’ai retrouvée et je ne veux pas te perdre à nouveau.”
Camille hésita un long moment, les mots de sa mère résonnant en elle. Elle savait que le pardon n’effacerait pas le passé, mais elle sentait une petite lueur d’espoir pour l’avenir qu’elle n’avait pas soupçonnée.
Finalement, elle hocha la tête lentement. “Je ne sais pas si je peux te pardonner maintenant, mais je suis prête à essayer de comprendre.”
Elles restèrent là, en silence, le début d’une nouvelle relation se dessinant doucement à l’horizon.