Elle n’aurait jamais pensé revoir sa sœur un jour, jusqu’à ce qu’un matin ordinaire, une lettre tombe sur le seuil de sa porte. Marie se figea, redoutant de reconnaître l’écriture qu’elle n’avait pas vue depuis près de vingt ans. C’était bien d’elle. Un frisson parcourut son échine tandis qu’elle déballait le message succinct mais lourd de sens : “Je suis en ville. Peux-tu me voir ?”.
Les souvenirs refoulés resurgirent avec force. La douleur de l’abandon, le silence déchirant après leur dispute. Elle se souvint des mots qui avaient mis un terme brutal à leur relation. Marie déambulait dans son salon, la lettre à la main, lorsqu’un bruit à la fenêtre l’interrompit. Sa sœur se tenait là, hésitante, l’air aussi perdu que Marie se sentait.
Leur regard se croisa, chargé d’années de silence, et Marie ouvrit la porte sans un mot. Sa sœur, Claire, entra, et l’air sembla s’alourdir de non-dits. “Je ne savais pas comment tu réagirais,” commença Claire, sa voix tremblante. “Je sais que je n’ai pas le droit de m’imposer comme ça.”
Marie, le cœur en bataille entre l’envie de crier et le désir de comprendre, répondit avec une note de défiance : “Pourquoi maintenant, Claire ? Après tout ce temps ?”. Claire prit une inspiration, les yeux emplis de regrets. “Parce que je ne peux pas revenir en arrière, et que chaque jour sans toi a été une erreur. Je m’excuse, Marie, pour tout ce que je t’ai fait. Je n’avais pas la force ou le courage avant, mais je voulais te retrouver.”
Les mots glissèrent entre elles, et le silence retomba, lourd comme un orage prêt à éclater. Marie se détourna, le regard perdu vers la fenêtre, se remémorant ces années de solitude, de questions sans réponse. “Tu m’as laissée derrière, sans explications. J’ai souffert, Claire.” La voix de Marie se brisa légèrement, un aveu de la douleur enfouie.
“Je sais,” murmura Claire, quelque chose de vulnérable brillait dans ses yeux. “Et je ne te demande pas de me pardonner. Je veux juste… essayer. Peut-être que nous pourrions recommencer, lentement.”
Une larme solitaire glissa le long de la joue de Marie. Elle n’était pas prête, peut-être ne le serait-elle jamais complètement, mais il y avait une sincérité dans la présence de Claire, une tristesse profonde qui faisait écho à sa propre douleur. “Recommençons, alors,” concéda Marie, sa voix douce mais déterminée.
Les deux femmes échangèrent un regard, une promesse muette de faire de leur mieux. Marie tendit la main, et Claire la saisit, leur premier geste de réconciliation après des décennies de séparation. Le chemin serait long, semé d’embûches et de souvenirs amers, mais en ce jour, un pas avait été franchi.
Elles se dirigèrent vers le salon, le soleil couchant projetant une douce lueur orangée à travers la pièce, enveloppant les sœurs dans une chaleur nouvelle, symbolique. Elles étaient prêtes à affronter le passé, ensemble.