Elle n’aurait jamais cru revoir sa sœur un jour, pas après tout ce qui s’était passé. Mais un après-midi ordinaire, alors qu’elle rangeait quelques vieux livres dans le grenier, elle a trouvé une lettre glissée sous la porte de son appartement. Le papier était jauni et l’encre légèrement effacée par le temps, mais il ne faisait aucun doute sur l’identité de l’expéditeur.
Le choc initial s’est transformé en une tempête d’émotions. Il y avait de la colère, de la douleur, mais aussi de la curiosité. Que voulait-elle après toutes ces années ?
Le lendemain, elles se sont retrouvées dans le café de leur enfance, celui où elles passaient des heures à rêver ensemble avant que tout ne s’effondre. La cloche de la porte a sonné, et là, debout, se trouvait sa sœur, un peu plus âgée, mais avec le même sourire incertain qu’elle se souvenait.
« Salut », dit-elle timidement, cherchant les mots qui avaient refusé de venir pendant vingt ans.
« Salut », répondit-elle, la voix emballée par un mélange de nervosité et d’espoir.
Les minutes ont passé lentement, remplies d’un silence lourd de tout ce qui avait été laissé non-dit. Enfin, sa sœur a brisé le silence :
« Je suis désolée pour ce qui s’est passé… Le départ brusque, les lettres non envoyées… J’étais perdue et j’ai pensé que m’éloigner était la meilleure solution », avoua-t-elle, sa voix tremblant d’émotion.
Elle avait préparé tellement de fois ce qu’elle dirait si jamais un tel moment arrivait. Pourtant, face à sa sœur, les mots semblaient soudain dérisoires. La colère qu’elle avait accumulée semblait toujours présente mais différente, moins brûlante.
« Ça m’a beaucoup blessée, tu sais », répondit-elle, les larmes aux yeux, « mais je veux comprendre, savoir pourquoi. »
Leur conversation s’est déroulée comme une danse hésitante. Elles ont évoqué les souvenirs heureux, les rires partagés, mais aussi les disputes, la douleur et le vide laissé par tant d’années de silence. Les explications ont été données, des excuses offertes, bien que tout ne puisse être immédiatement pardonné.
La conversation a atteint son point culminant lorsque sa sœur a tendu la main, un geste simple mais lourd de sens. « Peut-on essayer de reconstruire quelque chose ? Je sais que ce ne sera jamais pareil, mais je suis prête à essayer si tu l’es. »
Elle regarda la main tendue, hésitante. Le choix était difficile, mais en regardant dans les yeux de sa sœur, elle vit la sincérité. Peut-être que la réconciliation ne signifierait pas oublier, mais plutôt se donner une chance de guérir.
Elles se sont finalement levées pour un timide et fragile câlin, une promesse silencieuse de tenter de surmonter le passé ensemble.
Elles ne savaient pas ce que l’avenir leur réservait, mais à cet instant, elles avaient décidé de ne plus laisser le passé définir ce qu’elles pouvaient être l’une pour l’autre – des sœurs essayant de retrouver le chemin l’une vers l’autre.