Elle n’aurait jamais cru revoir son frère, jusqu’à cet après-midi banal où elle ouvrit la porte de sa maison et le trouva debout sur le seuil, les mains nerveusement fourrées dans ses poches. Le visage de Marc était le même qu’elle se rappelait, bien que les rides autour de ses yeux témoignaient des années qui étaient passées. Sarah resta figée, incapable de prononcer un mot devant ce retour inopiné qui faisait ressurgir tant de souvenirs enfouis et de questions demeurées sans réponse.
Les dernières nouvelles qu’elle avait reçues de lui dataient de vingt ans. Une dispute violente, des mots blessants échangés et puis, plus rien. Dans le silence de leur brouille, elle avait souvent imaginé ce qu’elle lui dirait si elle le revoyait un jour, mais à cet instant précis, sa voix la trahit.
« Salut Sarah », dit-il enfin, rompant le silence qui s’éternisait.
Elle cligna des yeux, espérant que les émotions tumultueuses qui l’envahissaient ne se manifesteraient pas en larmes. « Qu’est-ce que tu fais ici, Marc ? » Sa voix était plus froide qu’elle ne l’aurait souhaité, mais elle ne pouvait pas cacher la douleur qu’elle avait ressentie pendant toutes ces années d’absence.
« Je sais que j’ai beaucoup de choses à expliquer. Puis-je entrer ? » demanda-t-il avec hésitation.
Sarah hésita un moment, ses pensées se bousculant, mais finit par s’écarter pour le laisser passer. La tension dans la pièce était palpable, chaque geste était lourd de signification. Marc s’assit prudemment sur le canapé, comme s’il était conscient qu’un mouvement brusque pouvait briser le fragile équilibre de la situation.
« Pourquoi maintenant, Marc ? » demanda-t-elle, les bras croisés sur sa poitrine, en essayant de conserver une contenance.
Il soupira, cherchant les mots. « J’ai fait beaucoup d’erreurs, Sarah. Abandonner notre relation en faisait partie. J’ai pris conscience que le temps passe et je ne pouvais plus continuer à faire comme si ça ne comptait pas. »
Ses paroles, bien que sincères, ne suffisaient pas à apaiser la douleur de Sarah. Elle se souvenait des jours où elle avait espéré un signe, un appel, même un simple message de sa part, mais rien n’était venu.
« Tu nous as abandonnés, Marc. Pas seulement moi, mais aussi maman et papa. »
Il hocha la tête, le poids de la culpabilité visible dans ses yeux. « Je sais, et rien de ce que je dirai ne pourra effacer ça. Je suis juste ici pour m’excuser et, si tu le veux bien, essayer de reconstruire quelque chose, même si ça prend du temps. »
Le silence retomba, épais et lourd. Sarah lutta contre l’envie de céder à sa colère. Elle savait que rien ne serait jamais comme avant, mais elle ressentait également le désir profond de tourner la page, ne serait-ce que pour elle-même.
« Ça ne va pas être facile, » dit-elle finalement, sa voix se brisant légèrement.
Marc acquiesça, les yeux brillants d’espoir. « Je suis prêt à faire tout ce qu’il faut, aussi longtemps que nécessaire. »
Leur discussion continua tard dans la nuit, emplie de souvenirs partagés et de réflexions sur le passé. Ils ne se firent pas de promesses précipitées, mais convenirent de se voir plus souvent, de reconstruire lentement ce qui avait été brisé.
Alors qu’il s’apprêtait à partir, Sarah le raccompagna à la porte. Ils échangèrent un regard qui, bien que chargé d’incertitudes, contenait également une lueur de réconciliation.
Quand il disparut dans la nuit, Sarah resta un moment sur le seuil, le cœur plus léger, prête à accueillir ce nouvel espoir fragile.
image_prompt: Two figures standing at a doorway, one hesitantly stepping forward with a hopeful expression, while the other stands back, arms crossed, torn between distrust and the longing for reconciliation.