Le Retour de l’Absent

Elle ne pensait jamais revoir son frère, jusqu’à cet après-midi ordinaire quand la sonnette retentit. Lisa était plongée dans ses pensées, revisitait une fois de plus ces souvenirs douloureux qu’elle essayait de ranger au fond de sa mémoire. Depuis vingt ans, elle avait appris à vivre sans lui, avec ce vide laissé par son départ soudain.

Quand elle ouvrit la porte, son cœur manqua un battement. Devant elle, se tenait Marc, vieilli mais reconnaissable entre mille par ce regard empreint de douceur teinté d’une hésitation. “Salut, Lisa,” dit-il doucement, comme s’il venait de prononcer un mot défendu.

Le silence pesait lourd, seulement interrompu par le bourdonnement des voitures au loin. Lisa ressentait une vague de confusion et d’émotions contradictoires, entre colère et un soupçon d’espoir qu’elle n’osait laisser grandir. “Qu’est-ce que tu fais là, Marc ?” demanda-t-elle, la voix tremblante.

Marc baissa les yeux, cherchant ses mots parmi les pierres de l’allée. “Je… je voulais te parler. J’ai beaucoup réfléchi et je suis prêt à m’expliquer, à m’excuser.”

La mémoire de Lisa la ramena à ces jours où elle avait attendu des réponses qui n’étaient jamais venues, aux attentes d’une réconciliation qu’elle avait finalement enterrées. “Vingt ans, Marc,” siffla-t-elle, “Tu sais combien de temps c’est ?”

Il leva les yeux, le visage marqué par les regrets. “Je sais. Et je suis désolé. Je n’ai pas d’excuse valable, juste une envie de réparer, si possible.”

Ils s’assirent dans le salon où les souvenirs semblaient encore flotter entre les meubles immobiles. “Pourquoi maintenant ?” demanda-t-elle, les bras croisés en une barrière protectrice.

Marc soupira, luttant contre ses propres démons intérieurs. “Quelle importance ? Peut-être ai-je simplement trouvé le courage. Peut-être ai-je compris que j’avais laissé trop de temps s’écouler sans dire ce qu’il fallait. Je suis là maintenant et je veux essayer.”

Lisa sentit sa carapace se fissurer alors qu’ils échangeaient des souvenirs, revisitaient les ruines d’une enfance gâchée par les non-dits et les départs précipités. Au bout d’un moment, Marc tendit la main, hésitant, symbolisant le pont qu’il souhaitait reconstruire.

Lisa hésita, tiraillée entre la peur de se faire à nouveau blesser et l’envie d’une réconciliation qui apporterait enfin la paix à son cœur tourmenté. Elle prit une longue respiration, posa sa main sur celle de Marc, un geste timide mais significatif.

“Je ne sais pas si je peux tout oublier,” dit-elle doucement, “mais je suis prête à essayer de comprendre.”

Laissant une fin ouverte à leur histoire, ils se tinrent assis là, deux silhouettes en attente d’un avenir qu’ils pourraient redéfinir ensemble.

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