Elle n’aurait jamais cru revoir sa sœur un jour, pas après tout ce qui s’était passé entre elles. Pourtant, en ce matin ordinaire, alors que le soleil perçait à peine les rideaux de sa cuisine, un message inattendu s’afficha sur son téléphone. C’était une simple salutation, suivie d’une demande de rencontre. Le cœur de Marie fit un bond, aussi bien de surprise que d’appréhension.
Une heure plus tard, Marie se tenait devant la porte du café où elles avaient convenu de se retrouver. Elle n’avait aucune idée de ce qui l’attendait de l’autre côté : des excuses, des accusations ou, peut-être, une tentative de réconciliation. La dernière fois qu’elles s’étaient vues, les mots avaient été trop tranchants, les blessures trop fraîches.
Elle la vit d’abord à travers la vitre, assise à une table près de la fenêtre, tripotant nerveusement la cuillère de son café. Sophie avait changé, mais ses yeux y reflétaient toujours une lueur familière. Marie prit une grande inspiration et entra.
“Bonjour, Marie”, dit Sophie, sa voix légèrement tremblotante. « Merci d’être venue. »
Il y eut un moment de silence lourd, rempli des années de séparation et de douleur non dite. “Je ne savais pas si je viendrais vraiment”, répondit Marie, sa voix ferme malgré l’agitation intérieure.
« Je suis désolée », dit Sophie, la voix pleine de sincérité. “Pour tout. Pour la manière dont les choses se sont passées. Je me suis souvent demandé comment réparer ça.”
Marie laissa échapper un petit rire amer. « Ça ne va pas être facile, Sophie. Tu m’as manquée, mais tu m’as aussi blessée. »
Elles restèrent silencieuses un instant, chacune réfléchissant à tout ce qu’elles avaient perdu et tout ce qu’il fallait encore reconstruire. Marie se souvenait des disputes, des cris, du moment où Sophie était partie sans un mot. Mais elle se souvenait aussi des rires partagés, des secrets échangés sous les couvertures durant leur enfance.
“Je sais que cela prendra du temps”, dit Sophie, les mains tremblantes sur la table. “Mais je veux essayer. Pour nous, pour ce que nous étions.”
Marie hocha lentement la tête. Elle n’était pas prête à pardonner tout, pas encore. Mais la vulnérabilité dans les yeux de sa sœur faisait naître une chaleur dans son cœur longtemps gelé.
« Peut-être que nous pourrions commencer par aujourd’hui », proposa Marie finalement, un léger sourire apparaissant lentement. “Parlons, comme nous le faisions autrefois.”
La conversation s’engagea lentement, hésitante au début, mais peu à peu, les mots coulèrent plus facilement. Les discussions ne résoudraient pas tout, mais elles étaient un début, un pont fragile tendu sur les années de silence.
Lorsque Marie quitta le café, elle se tourna vers Sophie et lui fit un signe de tête. “On se revoit bientôt, d’accord ?”
Sophie acquiesça, l’espoir brillant dans ses yeux. “Oui, bientôt.”
Alors que le soleil se couchait, le cœur de Marie était étrangement léger, non pas parce que les blessures s’étaient entièrement refermées, mais parce qu’elles avaient commencé à guérir.