Mireille se demande chaque jour comment elle a survécu si longtemps seule. La vie à Paris n’était pas censée être si dure. Son appartement minuscule, aux murs froids et humides, semblait toujours rétrécir. Elle se sentait prise au piège, un oiseau sans ciel.
Un matin glacial de décembre, alors qu’elle cherchait quelques pièces dans les poches de son manteau usé pour acheter du pain, elle remarqua une enveloppe glissée sous sa porte. Aucune adresse, aucun timbre. Juste son prénom inscrit à l’encre noire.
Intriguée, elle ouvrit l’enveloppe et découvrit un billet de 50 euros accompagné d’une note : “Pour des jours meilleurs. – Un ami.” Qui pouvait être cet ami ? Elle n’avait personne dans cette ville. Malgré le mystère, elle se sentit submergée par un mélange de soulagement et de gratitude.
Au fil des semaines, d’autres enveloppes apparurent. Chaque fois, un montant suffisant pour lui permettre de tenir jusqu’au mois suivant. La note, toujours signée “Un ami”, restait inchangée. Bien que cette aide ait allégé son fardeau, Mireille ne pouvait ignorer l’étrange sentiment qu’elle connaissait peut-être cet “ami”.
Un matin, plein de détermination, elle décida de trouver son mystérieux bienfaiteur. Elle laissa une lettre sous sa propre porte, demandant de se rencontrer au café du quartier. Quelques jours plus tard, elle reçut une réponse : “Oui.”.
Le jour venu, le cœur de Mireille battait la chamade. Elle s’assit à une table au fond du café, ses mains tremblantes serrant une tasse de thé brûlant. Le temps semblait s’étirer, chaque seconde pesant lourdement.
Enfin, un homme s’approcha de sa table. Grand, avec des yeux bleu profond qui semblaient familiers, il s’assit en face d’elle. “Bonjour, Mireille,” dit-il avec un sourire timide.
“Qui êtes-vous ?” demanda-t-elle, sa voix à peine plus qu’un murmure.
“Je m’appelle Jacques,” répondit-il. “Je pense que nous avons un lien…”.
Elle le scruta, perplexe. Puis il sortit une photo de sa poche et la posa devant elle. C’était une vieille photo de famille, de celles que Mireille avait vues mille fois chez sa mère. Au centre : un homme, une jeune femme et un bébé dans les bras.
Elle leva les yeux, ses lèvres tremblant. “C’est ma mère,” dit-elle, stupéfaite.
Jacques hocha la tête, les yeux humides. “C’était aussi ma sœur. Je suis ton oncle.” Mireille sentit une vague d’émotions déferler à travers elle, une chaleur douce mais intense. Longtemps elle avait cru être seule au monde.
Dans ce petit café parisien, entourée de l’odeur de café fraîchement moulu, Mireille réalisa qu’elle avait retrouvé une famille. La solitude qui pesait si lourdement en elle s’allégea, remplacée par une nouvelle lueur d’espoir.