Ce matin-là, le directeur du restaurant décida de vérifier le travail de sa nouvelle serveuse. Depuis quelque temps, plusieurs clients s’étaient plaints du service, et il voulait comprendre la raison de ces réclamations. Mais ce qu’il découvrit dépassa tout ce qu’il aurait pu imaginer.
Comme à son habitude, il arriva tôt, s’installa dans son bureau et consulta les enregistrements des caméras de surveillance de la veille. Très vite, il remarqua que la journée n’avait pas été brillante pour l’établissement.
Sur les images, il vit la nouvelle serveuse se montrer froide, presque impolie avec certains clients. Pire encore, à la fin du repas, lorsqu’ils demandaient l’addition, leur attitude changeait soudainement : des visages détendus devenaient fermés, contrariés. Il n’y avait pourtant encore eu aucune plainte officielle, et le manager ignorait tout du problème. Le directeur, lui, commençait à soupçonner quelque chose. Il ne connaissait pas personnellement cette employée — c’était son manager qui l’avait recrutée — mais il décida de vérifier les choses par lui-même.

Quelques heures plus tard, il quitta le restaurant, puis revint incognito : vêtu simplement, les cheveux coiffés autrement, il prit place à une table du fond, se faisant passer pour un client ordinaire.
La serveuse vint le saluer d’un ton poli et lui demanda ce qu’il souhaitait commander. Rien d’anormal, pensa-t-il. Il demanda un plat chaud et une tasse de café. Le service se déroula sans incident, jusqu’au moment où il demanda l’addition.
Lorsqu’elle la posa devant lui, il ouvrit le petit carnet et resta pétrifié : le montant était presque trois fois supérieur à celui indiqué sur le menu. Entre les pages, il découvrit même un petit mot glissé discrètement. Troublé, il demanda calmement :
— Excusez-moi, mademoiselle, il doit y avoir une erreur, ce n’est pas mon addition.
La serveuse, un peu nerveuse, s’excusa aussitôt :
— Oh, je suis désolée, monsieur, j’ai dû me tromper, c’est celle de la table voisine.
Mais le directeur comprit immédiatement qu’elle mentait. Il demanda à voir le manager. Quand ce dernier arriva, il reconnut son patron déguisé — et la serveuse, blême, comprit à son tour que la vérité allait éclater.
À la caisse, tout fut confirmé : la véritable note s’élevait à dix dollars, et non vingt-huit. Le stratagème était clair — la serveuse gonflait les montants pour garder la différence.
Sans attendre, le directeur dénonça publiquement son comportement devant le personnel et les clients, présenta ses excuses aux convives, puis renvoya immédiatement la jeune femme.
Ainsi se termina sa tentative de tromperie. Elle voulait gagner un peu d’argent en plus, mais perdit bien davantage : son emploi, sa dignité et la confiance de tous.
La leçon était amère, mais juste : **le mensonge finit toujours par se retourner contre celui qui le prononce.**