— « Ça va, ma chérie ? » demanda-t-il, la voix empreinte d’inquiétude. Emily leva les yeux et croisa son regard, hésitante, ne sachant si elle pouvait se fier à cet inconnu. Pourtant, quelque chose dans son regard lui inspirait une étrange sécurité, comme l’étreinte réconfortante de son père.
— « Je… je suis toute seule… » balbutia Emily, tandis que les larmes roulaient à nouveau sur ses joues. Son ours en peluche, trempé et emmêlé, était le seul réconfort qui lui restait.
Alexander jeta un coup d’œil à la maison, où Diana les observait depuis la fenêtre, un sourire satisfait aux lèvres. En un instant, tout devint clair pour lui. Son cœur se serra pour Emily, et sans hésiter, il prit une décision qui allait changer leurs vies à tous les deux.
— « Eh bien, plus maintenant, » murmura-t-il doucement. « Et si on allait trouver un endroit où tu pourrais vraiment appartenir ? »
Emily cligna des yeux, incrédule. — « Vraiment ? » murmura-t-elle, comme si elle craignait de trop espérer.
— « Vraiment, » confirma Alexander en lui tendant la main. Emily hésita un instant, puis la prit, sentant la chaleur se diffuser dans ses doigts glacés.
Alors qu’ils s’éloignaient, le monde vibrant qui défilait derrière la vitre de la voiture commença peu à peu à pénétrer dans les sens d’Emily. Elle observait les rues avec de grands yeux, serrant son ours en peluche contre elle comme un radeau de survie. Alexander parlait doucement, lui posant des questions sur ses histoires préférées, ses jeux favoris, et bientôt, la voiture résonnait de sa petite voix.
Ils arrivèrent dans un vaste domaine, entouré de jardins à perte de vue. Emily resta bouche bée, oubliant momentanément tous ses soucis. C’était un lieu sorti tout droit d’un conte de fées, un monde qu’elle n’avait connu que dans les livres d’images.

— « Voici ta maison désormais, si tu le souhaites, » dit Alexander en la conduisant à l’intérieur. La maison était chaleureuse et accueillante, remplie de rires et de l’odeur de biscuits fraîchement cuits. Les domestiques et le personnel les saluèrent avec des sourires, faisant sentir à Emily qu’elle avait toujours eu sa place ici.
Au fil des semaines, Emily s’épanouit comme une fleur au soleil. Alexander, qui avait lui-même connu la solitude, découvrit que sa vie se trouvait comblée par la présence de cette petite fille. Il l’inscrivit dans une bonne école, encouragea ses rêves et emplit ses journées d’amour et de découvertes — un amour qu’elle n’avait jamais connu depuis la disparition de son père.
Si les ombres du passé subsistaient encore, elles devenaient de moins en moins inquiétantes chaque jour. Emily gardait la mémoire de son père vivante, non pas avec tristesse, mais à travers les histoires qu’elle partageait avec Alexander.
Avec le temps, la cruauté de Diana sembla n’être qu’un lointain cauchemar. Emily avait trouvé non seulement une nouvelle maison, mais aussi une famille. Alexander, qui se croyait à l’abri des surprises de la vie, réalisa que cette petite fille était devenue la fille qu’il n’avait jamais eue — la pièce manquante de son cœur.
Ainsi, au fil des saisons, le domaine devint toujours plus vivant. Les rires d’Emily résonnaient dans ses vastes couloirs, témoignage du pouvoir réparateur de la bonté et des détours inattendus que peut prendre la vie. Emily n’était plus une enfant solitaire jetée dans le monde, mais une fille chérie, entourée d’un amour aussi constant et durable que la promesse que son père lui avait jadis faite.