**Les flammes au-dessus de Manhattan**
Le ciel nocturne de Manhattan se teintait d’orange, embrasé par l’incendie qui dévorait les étages supérieurs d’un immeuble cossu de la Cinquième Avenue. Les sirènes hurlaient, les policiers contenaient la foule, et les pompiers, le visage noirci de suie, criaient dans leurs radios. Mais tous les regards restaient rivés sur une fenêtre du douzième étage, où un jeune garçon était pris au piège.
Il s’appelait **Ethan Whitmore**, fils unique du milliardaire **Richard Whitmore**. Son visage pâle était collé contre la vitre, ses lèvres tremblantes cherchant de l’air dans un nuage de fumée, tandis que les flammes dansaient derrière lui. En contrebas, son père venait d’arriver, jaillissant d’un SUV noir, encore vêtu d’un costume impeccable. Il criait des ordres, promettait des chèques en blanc, exigeait qu’on sauve son enfant. Mais aucune somme d’argent ne pouvait ralentir la fureur du feu.
**La détresse d’un père**
Les pompiers avaient tenté d’atteindre la fenêtre avec leurs échelles, mais la chaleur les repoussait. Le vent violent attisait l’incendie, rendant chaque approche périlleuse.
« Il nous faut plus de temps ! » hurla le chef des pompiers.
Mais chacun savait qu’Ethan n’avait pas dix minutes devant lui.

Richard, désemparé, réclamait un hélicoptère, suppliait qu’on fasse quelque chose. Pourtant, personne n’osait bouger. La peur avait figé la foule.
**Une jeune mère parmi les spectateurs**
Au milieu de la cohue se tenait **Aisha Brown**, vingt-deux ans, vêtue d’un jean usé et d’un sweat délavé. Elle rentrait chez elle après un long service de nuit dans un petit diner. Dans ses bras dormait **Layla**, sa fille de neuf mois, paisiblement blottie dans une couverture rose.
Aisha n’avait aucun lien avec le garçon prisonnier des flammes, aucune raison de risquer sa vie. Mais en voyant les petites mains d’Ethan frapper désespérément contre la vitre, son cœur se serra. Elle connaissait ce sentiment d’impuissance.
**Le choix du courage**
Quand une partie du douzième étage s’effondra dans un grondement, un cri d’enfant perça la nuit. Les agents de sécurité de Richard couraient dans tous les sens, en vain.
Et toujours, la foule restait immobile.
Sauf Aisha.
Serrant son bébé contre elle, elle franchit la barrière de sécurité. Un policier tenta de la retenir, mais elle lança d’une voix vibrante :
« Je peux passer par la cage d’escalier ! Laissez-moi entrer ! »
L’homme resta un instant interdit. La porte était grande ouverte, la fumée s’en échappait à gros nuages — mais personne n’avait eu le courage d’y pénétrer.
« Elle est folle… » murmura quelqu’un.
Sans répondre, Aisha couvrit le visage de Layla avec sa veste, prit une profonde inspiration… et s’engouffra dans le brasier.