Depuis qu’elle avait décroché ce contrat majeur, les journées de Camille ressemblaient à une course effrénée contre le temps. Les rendez-vous se succédaient sans répit, et son esprit, autrefois empli de rêves partagés, n’était plus qu’un tourbillon de chiffres et de stratégies. Sa détermination à dominer le marché était sans faille, mais chaque victoire professionnelle la plongeait un peu plus dans la solitude. La distance entre elle et sa famille devenait un gouffre qu’elle peinait à combler.
« Camille, tu nous manques… » Les mots de sa fille résonnaient comme un écho douloureux dans son esprit, chaque fois qu’elle les entendait à travers l’écran de son téléphone, trop souvent entre deux réunions. Elle savait que les années de jeunesse de sa fille s’échappaient, tout comme les moments précieux qu’elle aurait dû vivre auprès d’elle.
L’ambition de Camille était née de nuits passées à rêver, des étoiles qui illuminaient obscurément son ciel. Cependant, au fil des mois, ces étoiles semblaient s’éteindre une à une. Matthieu, son mari, autrefois son complice et son soutien inébranlable, avait lui aussi remarqué ce fossé grandissant. « On devient des étrangers, Camille, » avait-il un jour lâché, le désespoir perçant dans sa voix.
Les avertissements de ses proches se multipliaient, ressemblant à une symphonie de regrets qu’elle s’efforçait d’ignorer. Mais un jour, tout changea. Un appel nocturne interrompit son sommeil : sa mère avait fait un malaise cardiaque. L’urgence de la situation l’électrisa. Ce matin-là, elle devait aussi finaliser un contrat colossal qui changerait la trajectoire de sa société.
Debout devant le miroir, Camille observait son reflet, son regard hanté par l’angoisse. Devait-elle choisir son travail, garantir son avenir professionnel, ou sa famille, le cœur battant de son existence ? Les heures passèrent, et elle ne pouvait s’empêcher de peser le pour et le contre, sa conscience en guerre avec son ambition.
Finalement, la douleur de l’absence l’emporta. Elle s’éloigna de l’agitation de ses bureaux et se précipita vers l’hôpital. En embrassant sa mère, elle comprit ce qui comptait vraiment. Elle était venue pour sa famille, pas pour ses rêves de grandeur. Ce jour-là, elle manqua l’affaire du siècle, mais elle regagna quelque chose de plus précieux : l’amour et la reconnaissance de ceux qu’elle chérissait.
Camille décida de rééquilibrer sa vie. Elle refusa de sacrifier ses relations pour des succès éphémères. Bien que le chemin soit ardu, elle trouva la paix dans ses nouvelles priorités, réalisant que le véritable éclat de sa vie résidait dans ses connexions humaines, et non dans ses accomplissements professionnels.