Elle n’aurait jamais pensé revoir son oncle, cet homme qui avait disparu sans explication il y a vingt ans, jusqu’à cet après-midi ordinaire où il est apparu sur le pas de sa porte. Marie bougea à peine, figée par le choc et l’émotion qui se disputaient en elle. Les souvenirs douloureux et les questions laissées sans réponse rejaillirent brusquement. Elle se souvenait de ces journées interminables, les yeux rivés sur la fenêtre en espérant que sa silhouette se dessinerait au loin, mais en vain.
Lorsqu’il parla, sa voix avait la même tonalité grave qui résonnait dans les souvenirs d’enfance de Marie. “Marie, c’est… c’est moi. Je sais que c’est inattendu, mais puis-je entrer ?”
Marie resta silencieuse un instant, incertaine de ce qu’il convenait de faire. Elle finit par s’écarter lentement, laissant son oncle entrer. L’air était lourd de non-dits et de tensions enfouies.
“Pourquoi maintenant ?” demanda-t-elle finalement, sa voix était tendue, tremblante d’une colère qu’elle ne savait plus contenir.
Son oncle, Pierre, soupira profondément. “Je ne sais pas si j’ai une bonne réponse à te donner. J’étais jeune et insouciant… trop lâche peut-être pour faire face aux conséquences de mes choix. Mais j’ai compris que fuir n’était plus une option. Je devais voir par moi-même si je pouvais réparer ce qui a été brisé.”
Marie détourna le regard, luttant contre les larmes. Elle se souvenait des nuits où elle avait entendu ses parents se disputer à cause de l’absence de Pierre, de l’argent qu’il avait emprunté sans jamais rembourser, de la douleur qu’il avait laissée derrière lui.
“Tu sais combien tu nous as fait souffrir ?” demanda-t-elle, sa voix à peine un murmure.
“Je sais,” répondit-il, la douleur palpable dans son regard. “Je ne cherche pas à me justifier ou à effacer ce que vous avez enduré. Je veux juste une chance de réparer les choses, même si cela ne sera jamais suffisant.”
Un silence pesant s’installa de nouveau. La vie avait continué sans lui, mais sa présence maintenant, ici, bouleversait l’équilibre délicat que Marie avait peine à construire.
Finalement, elle soupira. “Je ne sais pas si je pourrai te pardonner complètement. Mais je pense que c’est un début. Peut-être qu’on peut essayer. Je ne promets rien, mais je crois que je suis prête à voir où cela nous mène.”
Pierre hocha la tête, reconnaissant. “Merci. C’est tout ce que je demande. Un début.”
Ils se regardèrent, un soupçon d’espoir dans les yeux, sachant que le chemin vers la réconciliation serait long et parsemé d’embûches. Mais pour l’instant, c’était suffisant.
Ils s’enlacèrent brièvement, une étreinte hésitante mais sincère, signe d’une nouvelle étape pour cette famille déchirée par le passé.