Elle n’aurait jamais pensé revoir sa sœur, jusqu’à ce qu’un après-midi ordinaire change tout. Camille vivait avec un vide qu’elle avait appris à dissimuler derrière un sourire impeccable. Mais une lettre glissée sous sa porte, avec un simple prénom, ‘Élise’, en tête, fit resurgir une cascade d’émotions enfouies.
Camille se rappela alors de ce jour où Élise était partie sans un mot, laissant la famille en morceaux. Ce jour-là, elles s’étaient disputées violemment, des mots durs jetés comme des lames tranchantes. La raison exacte s’était perdue dans le temps, mais la douleur restait vive.
La lettre tenait peu de mots, mais chaque phrase était lourde de sens. « Je suis en ville. Puis-je te voir ? » Camille resta figée un long moment, indécise sur la réponse à donner. Mais elle savait que cette rencontre était inévitable, pour le meilleur ou pour le pire.
Le lendemain, dans un café du coin, Camille entra, le cœur battant. Élise était déjà là, assise à une table au fond, les yeux rivés sur la porte. Leurs regards se croisèrent, et une vague de souvenirs les submergea.
« Salut, Camille, » commença Élise avec une voix tremblante.
« Salut, » répondit Camille, plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu.
Le silence qui suivit était lourd et dense. Camille ne pouvait s’empêcher de scruter le visage de sa sœur, cherchant des traces du passé, des explications. Élise, de son côté, triturait nerveusement sa tasse de café.
« Je suis désolée, Camille. Pour tout ce que j’ai fait, ou plutôt pour tout ce que je n’ai pas fait. » Élise plongea dans ses souvenirs, chaque mot prononcé chargé d’un regret palpable. « Je sais que je suis partie sans un mot et que cela t’a blessée, blessée vraiment fort. »
Camille sentit une colère sourde monter en elle. « Pourquoi maintenant ? Pourquoi après tant d’années ? »
Élise prit une profonde inspiration avant de répondre. « Parce que j’ai enfin compris ce qui est vraiment important. Parce que je veux réparer ce que j’ai brisé. Je ne demande pas que tu oublies tout cela, mais je te demande juste une chance… »
La tension était presque tangible. Camille se remémora les années de silence, de questions sans réponse. Pourtant, au fond d’elle, un désir de tourner la page luttait contre cette rancune accumulée.
« Comment puis-je te faire confiance à nouveau ? » demanda Camille, sa voix éraillée par l’émotion.
Élise essuya une larme discrète. « Je ne te demande pas de me croire tout de suite. Juste de me laisser prouver que je peux être une sœur digne de ce nom. »
Un silence pesant refit surface, mais cette fois, il était doux. Camille sentit quelque chose en elle se fissurer, une barrière qu’elle avait érigée pour se protéger. Elle tendit la main, hésitante.
« On peut essayer, » murmura-t-elle finalement, adoucissant son regard.
Élise hocha la tête, reconnaissante, une lueur d’espoir dans ses yeux. Bien que le chemin vers la réconciliation soit long et incertain, elles savaient toutes deux qu’elles avaient fait un premier pas important.
Elles laissèrent le café derrière elles, deux silhouettes errantes sous un ciel changeant, prêtes à découvrir si le pardon pouvait être une fondation solide pour reconstruire ce qui avait été brisé.