Bonjour à tous,
Je n’aurais jamais pensé utiliser cet espace pour une telle confession, mais aujourd’hui, c’est ici que je ressens le besoin de m’exprimer. Peut-être est-ce parce que j’ai toujours trouvé une certaine distance réconfortante dans cet écran qui nous sépare, ou peut-être parce que les mots écrits m’ont toujours semblé plus honnêtes.
Il y a quelques jours, j’ai entrepris de trier ma vieille boîte de souvenirs, quelque chose que j’avais repoussé depuis des années. La boîte elle-même est banale, une simple boîte en carton, mais c’est ce qui se trouvait à l’intérieur qui a déclenché quelque chose d’inattendu en moi : un ruban violet pâle, usé par le temps.
Je l’avais presque oublié. En le tenant entre mes doigts, une vague de nostalgie m’a submergée, me ramenant vingt ans en arrière. Ce ruban appartenait à ma sœur aînée, Louise. Elle l’attachait toujours autour de son poignet comme un bracelet improvisé. C’était son porte-bonheur, disait-elle avec son éternel sourire qui illuminait même les journées les plus sombres.
Louise a quitté ce monde bien trop tôt, emportant avec elle une part de moi-même que je croyais perdue à jamais. Après son décès, ma famille a rarement mentionné son nom, comme si le silence pouvait tempérer la douleur. J’ai suivi le mouvement, croyant que l’oubli était la meilleure des thérapies.
Le ruban m’a fait réaliser combien je m’étais trompée. En le regardant, des souvenirs enfouis ont refait surface. Les rires partagés, nos secrets murmurés à la lueur des étoiles, et cette dernière après-midi passée ensemble, où elle m’a confié sa peur de l’avenir.
La vie, avec son impitoyable marche en avant, m’a souvent fait croire que j’avais tourné la page. Mais la vérité, c’est que je n’avais fait que contourner ma douleur, la cachant là où je ne la verrais pas. En tenant ce ruban, je me suis permise de ressentir tout ce que j’avais si longtemps réprimé.
Il y avait un message sur ce ruban, cousu à la main par Louise elle-même : “Souviens-toi d’aimer tant que tu le peux.” En lisant ces mots, je me suis rendu compte que je m’étais interdit d’aimer pleinement, par peur de perdre à nouveau. J’avais construit autour de moi des murs de protection, mais ce ruban a commencé à les fissurer.
Avec le ruban entre mes doigts, j’ai pleuré pour la première fois depuis des années. C’était une libération, un adieu enfin adressé à ma sœur, mais aussi un bonjour à la personne que j’avais négligée de devenir.
Depuis ce jour, je me suis engagée à redécouvrir la vie avec un cœur ouvert. J’ai commencé à prendre contact avec les amis que j’avais laissés de côté, à dire “je t’aime” plus souvent à ceux qui comptent pour moi, et à vivre chaque jour avec une intention renouvelée de gratitude.
Ce ruban, avec sa simplicité, m’a offert un cadeau inestimable : la permission de vivre et d’aimer de nouveau. Je sais que ce voyage ne fait que commencer, et que ce ne sera pas sans défis. Mais l’amour que je croyais avoir perdu se révèle, dans chaque petit geste, immense et inépuisable.
Merci d’avoir pris le temps de lire mon histoire. J’espère que cela pourra toucher ne serait-ce qu’une seule personne. L’amour, quand on lui en laisse l’espace, est une force qu’aucune perte ne peut éclipser.
Avec tout mon cœur,
Émilie