Salut à tous. Je ne sais pas vraiment comment commencer ce message, ni même pourquoi je le fais ici, mais je sais que j’ai besoin de partager quelque chose qui me pèse depuis trop longtemps.
Il y a quelques semaines, ma mère est tombée malade. Rien de trop grave, heureusement, mais cela m’a obligée à fouiller dans son bureau, à la recherche des papiers d’assurance. En ouvrant un vieux tiroir qu’elle ne fermait jamais à clé, je suis tombée sur un petit carnet à la couverture usée, cachée sous une pile de documents. C’est ce petit carnet qui a changé ma perception du passé et de moi-même.
Curieuse, j’ai hésité à l’ouvrir. Ce n’était pas un journal intime mais une sorte de recueil de lettres. Des lettres qu’elle n’avait jamais envoyées, mais qu’elle avait écrites à… moi. La première date de mes huit ans. J’ai encore le souvenir flou de cet anniversaire où tout semblait trop calme, presque étrangement silencieux après la folie des années précédentes. J’ai commencé à lire.
“Ma chère Caroline, aujourd’hui tu as huit ans et je suis désolée de ne pas être celle que tu espères. Je suis désolée pour la distance, pour les moments où je ne suis pas là. Je te promets que ce n’est pas parce que je ne t’aime pas…”
Je me suis arrêtée là, le souffle coupé. J’ai ressenti une boule énorme dans ma gorge, un mélange de chagrin et de soulagement, comme si enfin, je comprenais. Toute mon enfance, j’avais cru que ma mère ne s’intéressait pas vraiment à moi, que son travail était plus important. Mais ces mots disaient le contraire. C’était sa façon à elle de rester connectée, même quand elle était absente.
J’ai continué ma lecture, page après page, année après année. Je me suis retrouvée dans chaque mot, chaque excuse, chaque promesse. Ma mère avait partagé avec moi ses espoirs, ses peurs, et surtout son amour, non pas avec des gestes ou des paroles, mais par l’écriture. Elle avait porté un fardeau que je n’avais jamais vraiment compris, le fardeau de vouloir être présente. Je le sais maintenant et j’ai envie de pleurer pour chaque moment que nous avons perdu.
J’aimerais pouvoir lui dire que je comprends maintenant, que je ne lui en veux plus, que je l’aime. Alors hier, je l’ai fait. Timidement, pendant qu’elle était allongée sur le canapé, la lumière de fin d’après-midi jouant avec les rideaux, j’ai pris le carnet et je lui ai dit que je l’avais trouvé.
Elle a eu un instant de panique dans les yeux, et c’est alors que j’ai compris combien ces lettres comptaient pour elle aussi. Je lui ai dit que je les avais lues, et qu’elles avaient comblé un vide que je ressentais depuis toujours. J’ai pris sa main et je lui ai dit que je l’aimais, que c’était tout ce dont j’avais besoin maintenant.
Elle a souri, les larmes aux yeux, et elle m’a serrée fort contre elle. C’était comme si nous reconstruisions ensemble un pont que je pensais détruit. Je suis partie de chez elle ce jour-là avec un sentiment de paix que je n’avais jamais connu.
Je me rends compte que tout n’est pas parfait, que nous avons encore beaucoup de choses à nous dire et à rattraper. Mais je voulais partager cela ici, parce que trop souvent nous jugeons sans savoir, nous nous éloignons sans comprendre. Parfois, il suffit d’un petit carnet, d’une vérité cachée, pour tout changer.
Merci de m’avoir lue.